Je m’appelle Hyun-Ae Yun, mais on préfère m’appeler Ae. Je suis née il y a 10 printemps, dans un coin paumé de Corée du Nord, je suis donc Nord-coréenne. Comme tu peux le voir, je suis une jeune fille, et pour tout te dire j'aime les garçons !. Je viens d'arriverdans l'école, en tant qu'élève. On me dit souvent que je ressemble à Taiwan ou Reimu de , respectivement, Hetalia et Touhou !.

Mon animal totem est le renard : Intelligent mais néanmoins peureux, il me confère une mémoire hors du commun mais aussi une tendance à angoisser assez facilement... Grâce à lui, j'ai une voix et une ouïe presque aussi bien que celle des chanteurs ! Mais les aléas de la vie étant comme qu'ils sont, je n'ai pas forcément pu utiliser comme je le voulais ces qualités...

Je suis...probablement...enfin... une petite fille assez singulière. Nerveuse. Je fais des trucs bizarres, parfois. Comme gratter de la terre, ou me mordre moi-même, pour me calmer, quand appa n'est pas là pour le faire. J'ai peur de beaucoup de choses, de beaucoup de monde, mais je n'ai jamais connu qui que ce soit d'autre que mon papa, et ma maman, et ajeossi. Donc voilà, je suis devenue petitement grande dans un monde de grands, sans copain de mon âge, de façon inégale. On m'a souvent dit quelque chose comme que j'avais une façon de parler un peu inhabituelle pour mon âge, un peu inhabituelle pour des gens plus grands. Puis j'étais en colère, parce que je sais vraiment pas quoi en penser. Je veux dire, euh, je parle bien comme les adultes, non ? Enfin enfin, c'est pas bien si ça me gêne pour me faire des amis. Parce que j'aimerais vraiment bien avoir des amis qui sont comme moi ! Mais je suis bizarre, et j'aime bien être toute seule quand même. Je sais pas trop. C'est peut-être mon renard qui fait ça. Que je me sépare des gens. Sauf de mon papa, parce qu'il m'a toujours protégée, parce qu'il a toujours été le plus fort, parce qu'il a toujours été le plus intelligent. Je l'aime très fort. Parce qu'il est toujours, toujours, toujours resté avec moi. Et je veux qu'il reste toujours avec moi.

Toujours.

Mon rêve, c'est que papa soit heureux de nouveau avec moi, même si maman est partie loin. Je veux qu'il soit content et que, que, que.... il ne fasse plus semblant d'aller bien pour moi. Je ne veux pas que papa soit un menteur. Ni qui que ce soit d'autre, d'ailleurs. Parce que mentir, c'est pas bien, et qu'être content, c'est bien. En fait, à chaque fois que je dois mentir un tout petit peu tipeu, je panique et je fais n'importe quoi. Je parle n'importe comment et je deviens toute rouge et, et, et... je m'arrête de parler. Et je regarde les gens, comme ça.  Avec une grimace moche sur ma tête. C'est pareil quand des personnes que je connais pas me parlent, en fait. Alors c'est pour ça que j'aime pas trop parler aux gens. Je laisse appa leur parler, et pis je me cache derrière lui, ou je fais des ronds dans la terre, ou je chante à voix basse. Parce que voilà. C'est comme ça que je suis... Je crois... Enfin.... Je sais pas... Papaaaa ?!

Quand j'étais petite, je vivais dans le nord-ouest de la Corée, dans la campagne. À côté de ma maison, il y avait une rivière, et au-delà de cette rivière, il y avait une forêt. Et pas n'importe quelle forêt, une forêt chinoise ! Mon papa et ma maman travaillaient dans les champs, et moi j'allais à l'école. On y apprenait plein de trucs : à écrire, à lire, à compter, à chanter... J'aimais bien chanter, mais les chansons n'étaient pas très diversifiées - on chantait toujours sur les mêmes sujets, comme la grandeur de notre mère patrie, ou sur le maréchal. Mais ça me dérangeait pas tant que ça. Parce qu'on avait pas trop de problèmes pour vivre. Enfin, c'est vrai que parfois on n'avait pas trop à manger, mais j'étais contente quand même, puisqu'on était heureux, tous les trois. On n'avait pas besoin de grand chose. À l'école, je restais un peu toute seule, j'avais un peu de mal avec mes camarades, et mon groupe de jeunesse, et les professeurs en général.  Ils me disaient tout le temps que j'étais trop indécise et pas apte à servir le pays, alors ça me rendait triste parce que je pensais que j'étais pas assez bien pour hériter à la tâche de mon papa et ma maman. Mais eux ils restaient gentils avec moi, alors je faisais de mon mieux pour devenir meilleure.

Puis un jour, les gens d'à côté de chez nous sont morts de faim. Je me souviens que j'étais allée chez eux, et que je les avais tous vus par terre, maigres, sans rien. Ça m'avait fait très peur, et j'avais pas vraiment compris ce qui se passait. Les jours ont passé, et tout est redevenu comme avant, sauf que je me rendais compte qu'on avait de moins en moins à manger. Il pleuvait tout le temps, il y avait de l'eau partout, et j'avais du mal à marcher dans les rues parce que j'étais trop petite. Sur le chemin de l'école, je trempais dans des trottoirs inondés, puis montais face au vent sur une colline.

Et je suis tombée malade.

J'étais déjà tombée malade avant, mais je m'étais toujours guérie toute seule. Au début ça allait, mais j'ai commencé à ne plus réussir à bouger de mon lit. J'avais peur, parce que j'allais devoir rattraper l'école en revenant, et que c'était beaucoup de travail. Enfin, je gardais espoir, et en plus, maman avait commencé à me ramener à manger. J'allais un peu mieux tous les jours, et recommençais à étudier toute seule à la maison. Mais un jour, de nulle part, des gens sont arrivés dans notre vie, et nous ont pris maman. Après ça, je l'ai vue quelques fois, en prison, mais papa me disait que tout allait bien se passer.

Il mentait. Je le savais. Alors j'avais très peur, parce que papa n'aimait pas me mentir. Sauf qu'à partir de là, papa allait commencer à me mentir souvent.

Un matin, alors que j'étais encore malade, papa m'a prise sur son dos et m'a amenée sur la place du village, ou un grand truc en bois était installé. Maman était debout dessus, tout le monde était silencieux. Pourtant, mes oreilles bourdonnaient, et j'avais l'impression que j'étais entourée de beaucoup, beaucoup, beaucoup de bruit. Je voulais que les gens silencieux se taisent. Et ils se sont tus. Et mes oreilles sifflaient.
Je crois qu'après, papa m'a reprise dans ses bras, et on est rentrés à la maison. Elle paraissait vide, très vide, et ça a été le vide en moi. Je me suis évanouie.

Après, je suis redevenue de plus en plus malade, et je voulais tout le temps dormir. Papa s'occupait de moi, mais il ne me parlait plus comme avant. Puis un jour, on est partis. Un sac d'affaires, en pleine nuit, moi portée par papa. On voulait traverser cette rivière, qui nous séparait de la Chine, cette rivière au-delà de laquelle les lumières brillaient la nuit. Je ne me souviens plus trop bien de ce qui s'était passé, mais seulement d'un homme qui m'avait fait peur, mais qui m'avait aussi intriguée. Je l'avais reconnu à son uniforme, c'était un soldat du régime. Je pensais que tout était fini. Qu'on allait devenir des traîtres. Mais il nous a aidés, il est parti avec nous, il nous a guidé à travers les bois. Pendant ce voyage-là, j'ai commencé à me sentir de plus en plus bizarre. Je me perdais dans ma conscience, et me retrouvais parfois à vouloir imiter les renards qui m'approchaient sans grande raison. Moi qui étais peureuse, je n'avais pas peur d'eux. Ils me rassuraient.

Le voyage était long. On a pris le bus pendant de longs jours, parmi d'autres gens à l'allure terrible. On traversait la Chine, en essayant de ne pas se faire trouver par les soldats chinois. De campagne, à ville, à campagne et à champs, nous sommes finalement arrivés à une ville gigantesque, où les immeubles étaient tellement grands qu'ils semblaient toucher le ciel. Dans les rues, il y avait des télés, plein de magasins... Puis on a continué à marcher, à marcher et à marcher, dans l'angoisse d'être trouvés, dans la peur d'être renvoyés, pour finalement rencontrer des gens qui parlaient notre langue, devant un grand bâtiment. C'était des coréens du sud. J'avais appris à l'école à me méfier d'eux, alors j'ai été effrayée. Mais j'étais trop faible pour dire quoi que ce soit, trop faible pour me tenir en état de peur. Et puis, ils n'étaient pas si méchants que ça. On est restés avec eux, un peu, dans ce grand château. Ca allait de mieux en mieux, et il y avait cette dame qui s'occupait de moi, et qui me rappelait un peu maman; elle me rassurait, et ce même si mes pulsions bizarres devenaient de plus en plus fortes. Elle m'a d'ailleurs, à propos de ça, dit que j'étais comme un animal, un renard, et qu'il y avait plein de gens comme moi, partout autour de ce monde que je connaissais à peine. Cette dame avait donné à notre groupe un nouveau but, une nouvelle terre promise : une école, loin, en Amérique, qui pourrait etre ma nouvelle maison. Ce long calvaire, ces semaines passées cachées étaient bientôt finies - on allait bientôt aller en Corée du Sud, troquer notre identité nationale contre une autre, et puis partir. Loin. J'étais contente de l'apprendre, contente à l'idée de retrouver des semblables dans ce parcours singulier, contente de délaisser cette nationalité que j'aimais tant mais qui avait fait tant souffrir mon papa, triste de savoir que définitivement, je ne pourrais plus revenir à la vie d'avant. Maman ne serait vraiment plus là, mon pays adoré ne serait plus mon pays. Définitivement, complètement, j'allais détruire ce faible lien qui reliait à peine ceux qui partageait l'amour pour la nation. J'allais devenir différente des nord-coréens, différente des sud-coréens, différente des humains.

Mes camarades avaient raison, mes professeurs avaient raison. Tous ceux qui me regardaient mal avaient raison. Je n'étais pas comme eux.

J'étais un animal-totem.

Fille à mon papa.

Et le suis, le serai toujours.


Puis finalement, cette fin tant attendue arriva, alors que mes oreilles commençaient à vibrer de nouveau au rythme des tours du moteur de l'avion.. Comme ce jour où maman est partie, je n'entendais plus rien. Mais cette fois, je me rapprochais d'elle pour lui dire adieu une dernière fois. Adieu à elle, bonjour à ma nouvelle vie. La fin était un nouveau début.

Je m'appelle Lin, j'ai 16 ans et ai découvert ce forum avec Jin-Hyun et Sook ! Voilà voilà. Euh sinon sinon, je joue du piano. Et de l'alto. Et euh... j'adore ce smiley.